Juror #2
Clint Eastwood, USA, 2024o
Ein Geschworener in einem Mordprozess erkennt, dass er möglicherweise den Tod des Opfers verursacht hat und muss mit dem Dilemma ringen, ob er die Jury manipulieren soll, um sich selbst zu retten, oder die Wahrheit preisgeben und sich selbst stellen soll.
Clint Eastwood ayant déjà signé quelques films de trop (dont The 15:17 to Paris et Cry Macho), l'annonce de ce Juror #2 livré en toute discrétion à 94 ans n'était pas de nature à rassurer. Joie, il s'agit là de son meilleur travail depuis une bonne décennie. Cette fois, il n'en est plus la vedette et a même rangé piano et guitare pour se concentrer sur la seule mise en scène, d'un classicisme souverain. Choisi avec soin, le scénario le ramène dans sa chère Géorgie de Minuit dans le jardin du Bien et du Mal pour une une histoire de tribunal et de culpabilité, centrée cette fois sur un juré dans une affaire de féminicide. Sur le point de devenir père mais aussi alcoolique en rémission, ce Justin Kemp découvre trop tard être lié à l'affaire sans pouvoir le dire. Ce qu'il peut faire, par contre, c'est tenter de retourner un jury enclin à conclure trop rapidement à la culpabilité de l'accusé. Seul contre tous, comme jadis le juré incarné par Henry Fonda dans le fameux 12 hommes en colère de Reginald Rose et Sidney Lumet, pourra-t-il éviter une erreur judiciaire tout en empêchant la vérité d'éclater ? Même si ces prémisses peuvent paraître artificielles, le drame judiciaire et les questions morales qui en découlent s'avèrent bientôt totalement prenants. La distribution est particulièrement réussie, menée par Nicholas Hoult dans le rôle-titre, avec Toni Collette et Chris Messina en avocats concurrents, et jusqu'aux plus petits rôles. Il en découle un plaisir de cinéma devenu rare, qui conjugue suspense, complexité et décence, en opposition totale au spectacle donné par les États-Unis de Donald Trump.
Norbert Creutz